C'est un leurre oublié comme le devon et bien à tord!
Très prenante en début de saison quant les eaux fortes rendent difficile la pêche au PN, en rivière l'ondulante reste à mon sens aussi efficace dans la plupart des circonstances.

Parfois, les pêcheurs adeptes du PN réservent une ondulante "au cas où" pour une "truite trophée", alors que c'est un tord quand on voit de plus petites truites attaquer une ondulante d'1/3 de leur taille.

Quand à moi j'ai redécouvert ce leurre sur des parcours libres no-kill en Espagne, un pays où la pression de pêche est si importante et la gestion des ressources naturelles si déplorable, que ces quelques parcours nécessitent de pêcher extrêmement fin et original.

Ce leurre est passionnant à mettre en oeuvre, et permet d'un seul essai d'explorer de multiples postes de configurations différentes.
Pour les adeptes du PN, technique déjà passionnante (active voire gymnastique, précise, versatile...) l'ondulante est une bonne alternative pour les truites devenues méfiantes, les eaux fortes, les postes diversifiés et les grandes étendues, et va demander un peu plus d'originalité dans la prospection.

Pêcher à l'ondulante, finalement c'est utiliser un PN polyvalent avec les possibiltés du devon, tout en faisant la différence.


Principe

Vu par un pêcheur au bon oeil, l'ondulante est un leurre dont le secret réside dans un fragile équilibre entre sa forme, son épaisseur, son poids et sa longueur.
Ces 4 caractéristiques modifient la superficie en contact avec l'eau, la réflection des rayons lumineux, le comportement et l'usage.
Le résultat est une combinaison magique de 2 comportements distints:
- la nage (quand l'ondulante repond a une tiree),
- la chute (quand on relache),
Accélérations, changements de directions, chutes rapides ou lentes, feront que les vibrations produites ne seront pas régulières sinon imprevisibles, accompagnées de reflets lumineux.
Et voilà!, avec une simple feuille metallique on sait creer l'illusion :)

Principalement on trouve 2 formes d'ondulante:
- les formes de cuillère a soupe, sont la base d'un mouvement pendulaire, qui envoie des reflets reguliers de maniere pendulaire et vers le bas, ou dans tous les sens si elle papillonne dans un courant;
- les formes basées sur un profil de S, qui créent des pulsations vers tous les plans de l'eau, des torsions alternatives sur elle même, une trajectoire sinusoïdale et globalement des mouvements beaucoup plus aléatoires.
Logiquement, les formes étroites s'adapteront mieux aux courants et les formes larges aux eaux calmes, mais c'est en fait surtout l'appui de la feuille dans l'eau qui est important.

Heureusement, pour la truite en rivière le pêcheur n'a pas à penser a tous ces paramètres!
A quelques exception près, je n'utilise que les formes allongées en S. Elles imitent une proie comme un PN et permettent la prospection en courant, du courant soutenu au courant faible.
Les contorsionnements, reflets et chutes aléatoires de ces modèles sont les plus aptes a réveiller une truite.
Ces mouvements que le pêcheur crée avec l'aide des mouvements naturels de l'eau, génèrent des reflets et vibrations tres irreguliers.


Equipement

Comme pour le PN, on pêche devant la truite, donc on reste en retrait de la berge, toujours le plus discretement possible, c'est pourquoi il faut choisir le meme type de canne, assez longue et au scion sensible.
La mienne est une Bionic Trout Spinning de 2m70, de puissance reelle 1-10 gr, au blank fin, tres sensible et d'action parabolique. C'est une canne que je conseille vraiment, le manche court permet de bien se mouvoir dans la vegetation et de conserver une longueur utile du blank plus grande.
Alternativement une vairon manié de faible puissance peut convenir du moment que le manche n'est pas trop long.


Bionic Trout Spinning


Ici montée avec un Mitchell 301 XE

Le moulinet sert surtout de réserve de fil mais doit fonctionner impeccablement pour ne pas gêner "l'écoute" du leurre.
J'utilise pour ma part depuis longtemps un Okuma VS 20, au fonctionnement irréprochable et au frein très précis!


Modèles

Les modèles que j'emploie le plus souvent sont des Mepps Syclops en taille 00 et 0; la 0 en couleurs dorée et Fire Tiger/dorée étant sûrement les plus versatiles, dès que le courant est moyen et par différentes conditions climatiques.
J'ai aussi les variantes de la Syclops, la S (française) et la Syclops lite (américaine), de forme et taille identiques mais de palette 2 fois plus mince. La Syclops lite est déclinée en coloris très interessants, mais est malheureusement impossible a trouver en Europe pour l'instant.

Tableau récapitulatif des modèles pour truite:

modèle longueur poids
Syclops Syclops Lite / S
00 4 cm 1/8 oz (3.5 gr) 1/16 oz (1.7 gr)
0 5 cm 1/4 oz (7 gr) 1/8 oz (3.5 gr)
1 6 cm 1/2 oz (14 gr) 1/4 oz (7 gr)


S et Syclops en differentes tailles et couleur: S nº1 (argent), Syclops 0 (Fire Tiger, argent), Syclops 00 (Fire Tiger, Red Platinum, doré, GLO, argent, doré), et pour comparaison un Rapala original 3 cm et 1 devon Autain 3 cm]


Une boite a ondulantes prête!


Montage

Entre l'anneau brisé de tête et le BdL il faut toujours placer un micro-émerillon de type baril (de préférence de couleur noire), cet émerillon homogene est la pièce qui permet a l'ondulante de s'exprimer...

Quand je pêche a l'ondulante je préfère utiliser une tresse fine (whiplash 0.06), plus sensible pour faire la différence entre les attaques des multiples tocs resultant des chocs contre les obstacles.
Contrairement aux petits PN, le lancer de l'ondulante n'est pas gêné par la tresse.
Je monte un BdL de fluorocarbone de diamètre 0.20 a 0.22 qui apporte la discrétion sans élasticité, d'au moins 1 mètre. Certains fabriquants proposent encore des fluoro bien trop fragiles a l'abrasion, pour ma part j'utilise depuis des annees celui de Tortue.


Fluorocarbone Tortue 0.20

En géneral les ondulantes sont vendues avec un hameçon triple, en revanche je conseille de le changer pour un hamecon simple fin de fer à oeillet large. Ce simple fin de fer permet d'assurer un ferrage propre et sec, tout en évitant bien des accrocs et en permettant une remise a l'eau rapide!
Les hamecons simples recourbés d'Illex (ceux qui sont fournis aussi avec le Tiny Fry) sont très bons.
D'autres petits modeles du moment qu'ils soient fins (type mouche par exemple).


Deux Syclops montées avec un hameçon simple Illex. Notez la pointe de l'hamecon qui regarde du côté concave de la palette.


Tuning

Un petit trailer en queue ajoute et crèe des vibrations différentes, et presente une matière molle (voire parfumée) que la truite rejetera moins rapidement. Par ailleurs, il permet de faire cibler l'attaque sur l'hameçon qui se retrouve plus au milieu du leurre.
L'ondulante est facilement modifiable si on veut ajouter un petit trailer de 3 a 5 cm, dans ce cas on monte un hamecon simple droit, il suffit de monter l'hameçon sur l'anneau brisé puis d'enfiler le LS sur le corps. On peut aussi choisir un hameçon double, mais le simple est quand meme plus pratique pour placer le LS apres montage de l'hamecon (et eventuellement changer de modele durant la partie de peche).
Un modele fiable est le curly tail de Yum (virgule) en 5 cm (taille totale).
Alternativement, on peut enfiler sur l'anneau brise de l'hameçon un minuscule teaser de couleur.


Mepps 0 Fire Tiger avec curly tail 5 cm


En pratique

Suppons une configuration comme sur les photos suivantes qui présente en plus de profondeurs variées avec postes variés, des truites mefiantes et impossibles au PN ou à la cuiller classique, comment faire?





Le principe de prospection est similaire au PN et aussi au devon, que l'on remonte ou descende la riviere, on aborde toujours les postes depuis l'amont, depuis la berge dans la presque totalite des cas. Il faut donc être très discret dans l'approche. La truite qui se tiend en general face au courant, apercevra le moindre mouvement, reflet, ombre ou silhouette, surtout si vous pêchez a vue. Et comme d'habitude, dans ce genre de pêche-chasse, sont a proscrire absolument les pas lourds sur la berge, les craquements de branchages, froissement de vegetation, mouvements rapides etc.
Je n'entrerai pas dans le debat de determiner si l'approche du poste constitue 50, 70 ou 80% de reussite, en tous cas l'approche est determinante.
Un des avantages de l'ondulante est aussi d'être facile a lancer (dans 99% des cas on peut lancer sous la canne), or en minimisant les mouvements l'approche devient très discrete.

L'animation fait la difference, et permet aussi de tenter différentes couches d'eau, la base est de relever et baisser la canne tout en laissant l'ondulante jouer dans le courant.
C'est là la grande difference avec le PN.

L'attaque survient en general assez fermement, le ferrage est simplement assure en relevant la canne.


Approche d'un poste:

Pour rendre les explications claires je divise les approches possibles en 3, mais il faut savoir qu'une même animation est souvent une combinaison de ces approches...

- remonter le courant
Depuis l'amont du poste, on lance l'ondulante en deça du poste puis on remonte pour passer a proximité du poste, exactement comme on le ferait avec un PN.
On laisse jouer l'ondulante dans le courant, en animant: remonter et descendre le scion, légers changements de direction, récuperations, pauses. Pour ce genre d'approche il faut accorder le modèle d'ondulante avec le courant.
Très souvent la truite suit le leurre de tres pres, souvent quelques centimetres, avant d'attaquer, il est donc important de bien continuer l'animation jusqu'à la fin.

- arc de cercle
Dans cette approche très prenante, on utilise le courant pour déporter l'ondulante, imitant un alevin en diffulté. On lance en amont du poste, et l'ondulante va revenir vers le pecheur, la recupération est limitée voire nulle.
Le pêcheur peut être situé a la même hauteur que le poste (dans ce cas, il lance un peu vers l'amont, et l'ondulante va revenir vers l'aval assez près), ou plus loin vers l'amont (dans ce cas, il lance vers l'aval en amont du poste, et l'ondulante revient vers l'aval, donc on enchaîne logiquement avec une remontée du courant).
La truite postée aperçoit un alevin qui lutte avec le courant, très souvent l'attaque intervient après qques secondes.
Là aussi on peut jouer avec la canne: remonter/descendre, récuperer légèrement puis pauses etc.

- pauses au fond
Presque comme on le ferait avec un devon, on fait comme pour l'arc de cercle, mais cette fois on lance et on laisse gagner le fond. Ensuite on relève la canne pour faire travailler l'ondulante juste au-dessus du fond (on peut râcler les cailloux), puis on laisse retomber.
Si le poste etait marqué, l'attaque intervient parfois au moment ou l'ondulante gagne le fond.


Quelques exemples de prospections:

Voici quelques exemples d'utilisation...
Dans toutes les situations, rappelez-vous la regle n 1: la truite ne doit pas deviner votre présence!

- dans une courbe créant une berge creusée:
On se situe de l'autre côté (souvent c'est la berge la moins profonde), on effectue des approches "arc de cercle"; depuis légerement en amont, ou à hauteur du "point d'impact", on lance l'ondulante près de la berge creusée et on balaye jusqu'à ce que l'ondulante revienne. En l'absence de touche on lance légèrement plus en aval ou plus en amont, ou on se déplace, et on recommence.
Si aucun résultat, on essaie plus profond, jusqu'à realiser l'approche "pauses au fond".
En début de saison, une ondulante argent ou bleue animée près du fond donne ses resultats.
Ce genre de configuration demande une grande discrétion!

- sur les larges "postes" ou il n'existe pas de poste marque, type grande étendue, long bras de rivière uniforme ou radier profond:
On lance près de l'autre berge (l'ondulante part facilement loin) avec dans l'idée de balayer la largeur, on effectue une exploration en "arcs de cercle" puis une fois que l'ondulante est revenue dans l'axe du pecheur vers l'aval, on entame une exploration en remontant le courant.
En l'absence de touche on se déplace, on pêche plus profond, on change de couleur, on va plus lentement etc.

- les berges boisées et dessous d'arbre
Ce genre d'endroit reste bon toute l'année. Même s'il est plus difficile d'aborder avec une ondulante pour des raisons pratiques (par rapport a un PN flottant ou suspending qu'on peut laisser glisser avant de récuperer, ou en pêchant "a la déroulée"), on peut utiliser le courant (petit arc de cercle) pour la placer vers l'aval pres des frondaisons.
Lorsque les branchages atteignent l'eau, je prospecte directement depuis la berge encombrée.

- début de saison
En début de saison la prospection est souvent un peu plus difficile, avec des eaux plus fortes ou teintées et des truites moins encleintes à se déplacer. Il ne faut donc pas hésiter à arpenter la rivière et quand on a identifié "un bon coin", insister près du fond ou à mi-eau en sur-place, avec par example des Syclops 0 en couleur argent, rouge platinum ou blue platinum. Lorsque l'eau est "prise" et donc teintée, tenter avec une couleur GLO peut être bien indiqué!

- ruisseau d'été
Sur les miniscules rivières laissées basses par l'été, l'ondulante reste toujours bien prenante a condition d'utiliser un petit modèle. Lorsque l'endroit est tres encombré, vous vous rendrez compte que lancer une ondulante est bien plus facile et discret qu'un petit PN qui necessite plus de mouvements.
Jouez avec le leurre, aller au fond des petits trous d'eau, passez a proximité des grosses roches, grattez les fonds caillouteux!




Le plaisir d'admirer la robe d'une truite...


Une belle récompense...


La perche lorsqu'elle est presente, s'interesse aussi particulierement aux petites ondulantes.


Une "grosse" fario de la toute petite souche espagnole de l'Eresma, sur un parcours libre no-kill extrêmement difficile.


Remettre sa prise à l'eau...